Marché au 1er semestre 2022 : progression pour le réseau physique et recul pour les jeux en ligne

Le 04.10.2022

Au premier semestre 2022, le chiffre d’affaires global du secteur des jeux d’argent et de hasard affiche une progression de plus 7% par rapport au premier semestre 2021 pour atteindre 5 Md€.  Les dynamiques sont très différentes selon les segments de jeux.  La croissance est principalement portée par les jeux de loterie et le pari hippique en réseau physique, alors que les jeux en ligne enregistrent un recul de 11%.

Activité des opérateurs sous monopole (FDJ et PMU) : très bonne dynamique de la loterie et des paris hippiques en points de vente 

 

Les mises enregistrées par la Française Des Jeux (FDJ) poursuivent leur dynamique de croissance au premier semestre 2022 et s’élèvent à plus de 10Md€ contre 9,1Md€ au premier semestre 2021, soit une hausse de 10% entre les deux périodes. Le Produit Brut des Jeux des activités de la FDJ atteint 3,2Md€ au 1er semestre 2022, soit une hausse de 12% par rapport au 1er semestre de l’année précédente (+354M€).

Cette forte progression est exclusivement due aux activités de loterie (loterie instantanée et jeux de tirage), dont les mises augmentent de 17% pour s’établir à 8Md€ sur cette période alors que celles engagées sur des paris sportifs baissent de 11%, qui s’élèvent à 2Md€.

Ces performances de la loterie sont notamment liées à la reprise du jeu Amigo en points de vente et, plus généralement, à la poursuite de la croissance des jeux de tirage (Loto et Euromillions) dont les mises s’élèvent à 3Md€ au 1er semestre 2022 (+19% de croissance par rapport à la même période de l’année dernière) et des jeux de grattage dont les mises s’élèvent à 4,9Md€ au 1er semestre 2022 (+15,1% de croissance par rapport au 1er semestre 2021) autour de ses produits phares tels que Cash.

Ces résultats de la FDJ sont également à mettre en perspective avec l’augmentation des dépenses marketing communiquées par l’opérateur au titre du 1er semestre 2022 : 176M€ au global (+13% par rapport au S1 2021), avec une hausse de +25% concernant les dépenses marketing en loterie (86M€) et une baisse de -6% en paris sportifs (54M€).

 

Evolution du PBJ de la FDJ aux 1er semestres 2020, 2021 et 2022 :

 

pbj

 

Les enjeux du PMU atteignent 3,9Md€ au 1er semestre 2022, en hausse de 18% par rapport au 1er semestre 2021 de et s’approchent de son niveau d’activité réalisé avant la crise sanitaire. Le PBJ est également orienté à la hausse et atteint 969M€ (+15%).

La levée des dernières restrictions sanitaires en points de vente a manifestement fait revenir les parieurs hippiques en réseau physique, au détriment du jeu en ligne, en raison notamment des cagnottes plus conséquentes que son dispositif de mutualisation des gains génère.

Cette dynamique retrouvée s’inscrit dans un contexte de renouvellement de l’offre de jeu et de déploiement d’une stratégie marketing visant à rendre plus attractifs et accessibles les paris hippiques pour renouveler et diversifier le bassin de joueur.

 

Evolution du PBJ du PMU en paris hippiques aux 1er semestres 2020, 2021 et 2022 :

 

pbj

 

 

Activité des opérateurs agréés de jeux en ligne : un recul constaté sur les trois segments de jeux

 

Le secteur des jeux d’argent en ligne en concurrence affiche un PBJ inférieur à 1,1Md€ à l’issue du premier semestre 2022, en recul de 11% par rapport au premier semestre de l’année précédente. Une baisse de chiffre d’affaires sur le premier semestre entre deux années consécutives n’avait pas été constatée depuis 2013. Cette baisse de PBJ concerne chaque segment mais relève de facteurs différents pour chacun d’entre eux. Le nombre de comptes joueurs actifs (CJA) est en baisse de 12% avec 3,7 millions de joueurs.

Les mises des paris sportifs en ligne s’élèvent à 3,969 Md€ au 1er semestre 2022, en baisse de 8% par rapport à la même période en 2021. Le PBJ atteint 685M€, en baisse de 12% par rapport au 1er semestre 2021. Il convient toutefois de nuancer cette baisse, le 1er semestre 2021 avait enregistré des performances hors normes en raison d’un calendrier attractif, notamment porté par l’Euro de football. La Coupe du monde de football, qui aura exceptionnellement lieu en fin d’année, du 20 novembre au 18 décembre 2022, constitue le temps fort du marché des paris sportifs en 2023 qui permettra de jauger la dynamique réelle du secteur.

Le segment des paris hippiques en ligne affiche quant à lui des mises de 727M€, en recul de 17% par rapport au 1er semestre 2021, et un PBJ de 169M€, en baisse de 18% par rapport à la même période de l’année précédente. Ce repli est sans doute principalement lié au retour des joueurs en points de vente.

Le PBJ du poker en ligne atteint 216M€, marquant une baisse de 3% par rapport au premier semestre de l’année précédente. Cette activité se maintient toutefois à un niveau élevé si on la compare à la situation avant la crise sanitaire, après les records enregistrés pendant les périodes de confinement. Avec une baisse de PBJ de 10% entre les premiers semestres 2020 et 2022, le marché tend cependant à se consolider après avoir perdu une partie des joueurs occasionnels arrivés sur le marché pendant les périodes de confinement.

Les dépenses marketing des opérateurs en ligne au 1er semestre 2022 s’élèvent à 57,2M€, en recul de 46% par rapport au 1er semestre 2021. Les investissements marketing record constatés au premier semestre 2021, notamment à l’occasion de l’Euro 2020 de football, expliquent pour partie un tel écart. La tenue de la coupe du monde de football à l’occasion des fêtes de fin d’année, période où les dépenses publicitaires sont traditionnellement plus coûteuses, incite sans doute les opérateurs à préserver leur capacité d’investissement.

On note également au cours de ce semestre une réallocation des budgets de gratifications financières de l’objectif d’acquisition vers celui de rétention. Après avoir déployé une stratégie relativement coûteuse d’acquisition des joueurs en 2021, les opérateurs semblent désormais investir dans leur fidélisation.

La Coupe du monde de football et les budgets marketing ambitieux 2022 annoncés pour le 2nd semestre, devraient permettre au marché des paris sportifs de retrouver une certaine dynamique.

 

Evolution du PBJ des opérateurs sous concurrence aux 1er semestres 2020, 2021 et 2022 :

 

pbj
  S1 2021 S1 2022 Variation
TOTAL      
Nombre de CJA 4 239 000 3 738 000 -12%
Produit Brut des Jeux 1 205 M€ 1 070 M€ -11%
       
PARIS SPORTIFS      
Nombre de CJA 3 549 000 2 843 000 -20%
Mises 4 329 M€ 3 969 M€ -8%
Produit Brut des Jeux 777 M€ 685 M€ -12%
       
PARIS HIPPIQUES      
Nombre de CJA 492 000 467 000 -5%
Mises 881 M€ 727 M€ -17%
Produit Brut des Jeux 205 M€ 169 M€ -18%
       
POKER      
Nombre de CJA 1 287 000 1 168 000 -9%
Produit Brut des Jeux 223 M€ 216 M€ -3%

 

Les actions de l’ANJ au 1er semestre 2022

 

Au cours de cette période, l’ANJ a engagé plusieurs initiatives structurantes pour le marché des jeux d’argent, notamment en matière de communications commerciales, en coopération avec les différents acteurs concernés :

  • Elle a publié des lignes directrices relatives aux contenus des publicités des opérateurs de jeux ainsi que des recommandations pour « désintensifier » la pression publicitaire et renforcer la protection des mineurs et des publics vulnérables.
  • La révision des chartes de bonne conduite des éditeurs et de leurs régies visant à encadrer le volume et la concentration des communications commerciales sur les services de télévision et de radio est en cours sous l’égide de l’Arcom. Une charte concernant l’affichage est également en cours d’élaboration ;
  • Les opérateurs et les organisations professionnelles concernées élaborent actuellement une charte de bonne conduite visant à encadrer la diffusion de la publicité numérique, sur la base des standards dégagés dans la recommandation de l’ANJ ;
  • L’ANJ a lancé un groupe de travail sur les partenariats sportifs des opérateurs de jeux d’argent qui devrait aboutir à la formulation de propositions concrètes d’ici la fin de l’année ;
  • Des lignes directrices et recommandations de l’ANJ portant sur les gratifications commerciales des opérateurs (bonus, offres de bienvenue) font actuellement l’objet d’une consultation auprès des opérateurs.

 

L’ensemble de ce plan d’action devrait être opérationnel d’ici le lancement de la Coupe du monde de football le 20 novembre prochain.