Jeux d’argent et confinement : pas de bouleversements mais des pratiques problématiques pour une minorité de nouveaux joueurs

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Comment les joueurs ont-ils vécu le deuxième confinement et comment se projettent-ils dans l’avenir ? Quelle perception ont-ils des risques associés aux pratiques de jeu ? Autant de questions qu’Harris Interactive a posées pour l’Autorité nationale des jeux afin d’évaluer l’effet de cette situation sans précédent sur les habitudes des joueurs. Si les joueurs « historiques » n’ont pas bouleversé leurs habitudes, de nouveaux joueurs, bien que peu nombreux, jeunes et portés sur des pratiques en ligne potentiellement à risque en termes d’addiction ont fait leur apparition.

 

Parmi les joueurs ayant déclaré avoir joué au cours de l’année 2020, 75% indiquent avoir joué durant le deuxième confinement, avec une légère surreprésentation des joueurs en ligne (80% des joueurs en ligne en 2020 ont joué durant le deuxième confinement).

Interrogés sur leurs motivations pour continuer à jouer la majorité d’entre eux évoque l’attrait du gain monétaire (57%) et la force de l’habitude (43%). Une part non négligeable des joueurs met en avant également la volonté de se changer les idées par rapport au contexte actuel (19%) mais aussi de profiter de plus de temps libre (14%) ou le fait de s’ennuyer durant ce deuxième confinement (12%).

Les joueurs « historiques » : un public de joueurs aux habitudes de jeu plus ancrées que la moyenne, que le confinement n’est pas venu bouleverser

 

66% des joueurs historiques (qui jouaient déjà les années précédentes) ont déclaré passer autant de temps que d’habitude, et 63% dépenser autant d’argent.

Pour motiver leur pratique de jeux, ces joueurs évoquent la force de l’habitude. On retrouve cette importance des habitudes, presque de « rituel », dans les motivations des joueurs historiques qui n’ont pourtant pas joué lors du deuxième confinement, la principale motivation évoquée étant le fait que l’endroit où ils avaient l’habitude de jouer se trouve trop loin de leur lieu de confinement ou inaccessible car fermé.

Les « nouveaux joueurs » : un public restreint principalement jeune et captif, dans un contexte propice à leur initiation aux jeux

 

5% des joueurs de 2020 déclarent n’avoir jamais joué à des jeux d’argent au cours des années précédentes. Ils s’y sont donc initiés au cours de cette année 2020 si particulière. Parmi les joueurs de 18-24 ans, ils sont 13% à avoir découvert le jeu en 2020. De même, ce sont notamment parmi les parieurs sportifs et hippiques et plus encore parmi les joueurs de poker et de casino en ligne, (une pratique illégale en France), que se trouvent le plus souvent ces nouveaux joueurs.

Les raisons de cette « conversion » au jeu se retrouvent assez facilement dans leurs motivations. Ces nouveaux joueurs mettent particulièrement en avant le fait de disposer de davantage de temps libre (22% contre 14% pour l’ensemble des joueurs), le souhait de lutter contre un certain ennui (22%), le besoin ressenti de jouer (14%) et le fait d’avoir économisé de l’argent et de vouloir le dépenser (10% contre 6%). Dans un contexte incertain, laissant du temps disponible à certains jeunes, l’aspect récréatif du jeu en ligne semble donc avoir motivé pour un certain nombre leur découverte du jeu d’argent.

Ces nouveaux joueurs semblent pour une part importante d’entre eux avoir été satisfaits par les expériences de jeu qu’ils ont découvertes au cours de l’année : seulement 21% souhaitant y mettre un terme en 2021 et 49% indiquant même qu’ils souhaitent continuer à jouer au moins une fois par mois.

Un risque d’addiction aux jeux qui touche particulièrement les activités de jeux en ligne, que les jeunes affectionnent

 

Interrogés sur leur parcours de joueur, un peu plus d’1 joueur sur 10 déclare avoir déjà eu du mal à en garder la maîtrise. L’étude des habitudes de jeu des joueurs historiques met en exergue l’inégalité des activités devant le phénomène d’addiction : 6% des joueurs de grattage ou de tirage ont déclaré avoir été débordés dans les années précédentes, quand ils sont 36% parmi les parieurs sportifs en ligne et 52% pour les joueurs de casino en ligne.

 

Les jeunes joueurs semblent bien plus touchés que leurs aînés par ce phénomène : 16% des joueurs de 18 à 24 ans et 14% des joueurs de 25 à 34 ans déclarent avoir ressenti une perte de contrôle durant le deuxième confinement (contre 2% des 50 ans et plus). Les nouveaux joueurs se montrent plus touchés encore par ces sentiments de perte de maîtrise : un quart d’entre eux déclare avoir été dans cette situation au cours du deuxième confinement.  De la même manière les joueurs en ligne déclarent avoir été particulièrement confrontés à la situation, qu’il s’agisse des joueurs de paris sportifs (19%), de paris hippiques (20%), de poker (22%) ou de casino en ligne (23%).

Une volonté d’avoir recours à une aide encore assez faible

 

Pourtant, seulement 47% des joueurs ayant été en situation de perte de maitrise, envisagent de moins jouer à l’avenir (contre 39% qui souhaitent maintenir leur niveau de jeu malgré les problèmes rencontrés et 14% d’entre eux envisageant même d’intensifier leur pratique). De plus, si 41% d’entre eux envisagent d’en parler à leurs proches et un peu plus d’un tiers de se tourner vers les services d’accompagnements comme Joueurs-info service ou SOS Joueurs, ils sont 43% à indiquer qu’ils n’auront recours à aucune des solutions et acteurs proposés pour les accompagner afin de surmonter leurs difficultés.

 

Pour l’ANJ : « Le confinement a favorisé l’arrivée de nouveaux joueurs vers des pratiques en ligne qui semblent plus à risque en termes d’addiction, voire même vers des sites de casinos en ligne qui sont illégaux en France. L’ANJ souhaite donc activer différents leviers pour renforcer les modalités de lutte contre cette offre illégale qui présente des risques d’addiction très forts et met en danger le joueur. Dans un contexte inédit pouvant conduire à la perte de repères, elle entend aussi sensibiliser les jeunes joueurs pour qu’ils adoptent une pratique récréative des paris sportifs. »

 

Rappel méthodologique : Etude réalisée en ligne du 8 au 15 décembre 2020 auprès d’un échantillon de 3013 personnes déclarant avoir joué à au moins un jeu d’argent au cours de l’année 2020, issu d’un échantillon de 5875 personnes représentatif des Français âgés de 18 ans et plus. Méthode des quotas et redressement appliqués aux variables suivantes : sexe, âge, catégorie socioprofessionnelle et région de l’interviewé(e).